Ergothérapie et interculturalité
Trancultural Occupational Thérapy, est une approche qui a été développée par l’Association Canadienne des Ergothérapeutes (ACE – CAOT) et « The American Occuptional Therapy Association ». L'association Cap-ergo développe une approche de l'ergothérapie transculturelle "Made in France".
La dimension culturelle est présente dans toutes les activités de l'individu. Nous proposons une deux angles d'analyse des représentations culturelles : les modèles explicatoires (Paris, C et al., 2009) (ensemble des éléments qui donne du sens) et les modes opératoires (ensemble des étapes à suivre pour obtenir le résultat souhaité). Ces deux catégories prennent en compte la subjectivité.
Intégrer la dimension culturelle dans la pratique, permet de prendre en compte les représentations du cadre de soin ainsi que les représentations de la santé, la maladie, la douleur, les soins, le handicap....
Les enjeux de l'ergothérapie transculturelle
L’ergothérapie transculturelle comporte des facteurs communs à toutes prises en soins en ergothérapie. La pratique de l’ergothérapie en contexte interculturel inclut donc la dimension culturelle dans le soin. Le soin est centré sur le bénéficiaire et non sur la culture de celui-ci.
Les éléments culturels du patient et du thérapeute ne sont plus à considérer ni comme un focus, ni comme un obstacle mais comme des éléments parmi les autres données en jeu dans la relation thérapeutique. Considérant que celle-ci est un échange bilatéral, la dimension culturelle augmente les perspectives et favorise – sans être un objectif en soi – l’enrichissement mutuel et la créativité.
En incluant les deux niveaux de lecture (au sein des équipes et dans la relation thérapeutique) et au regard des situations rencontrées par les ergothérapeutes, l’ergothérapie transculturelle semble pertinente dans diverses situations telles que :
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favoriser la communication
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encourager la décentration
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permettre la confrontation des modèles explicatoires
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permettre la confrontation des modes opératoires
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permettre une meilleure compréhension des objectifs thérapeutiques
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faciliter la codécision des choix thérapeutiques
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encourager l’adhésion thérapeutique
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accompagner l’élaboration de liens entre les différents systèmes de soins du patient
Le cadre de l'ergothérapie transculturelle
Définir le Cadre de l’Ergothérapie Transculturelle (CET) permet au bénéficiaire et au thérapeute de se mettre en mouvement pour travailler conjointement à un processus thérapeutique qui a du sens. Sachant que l’étape ultime de la prise en soin sera de permettre au patient de s’approprier l’intervention ergothérapique (les exercices, conseils, recommandations, préconisations …) et d’accéder à une autonomie et une participation optimale dans les activités qu’il souhaite réaliser. Ajoutons que le cadre thérapeutique transculturel encourage le décentrage et l’utilisation des compétences de communication interculturelle du thérapeute et du patient, bien que les enjeux soient évidemment différents. Pour le thérapeute, il s’agit, sans aucun doute, d’une démarche et d’un investissement qui facilite et améliore la prise en soins incluant une meilleure écoute de la totalité du discours du bénéficiaire. Investissement indispensable, passionnant à mon sens, qui peut être considéré comme transposable hors contexte interculturel.
Le cadre de travail de l’ergothérapie transculturelle proposé repose sur l’anthropologie médicale clinique. Il s'agit d'une approche bio-phsycho-social qui compte des différents aspects que regroupe le seul terme maladie en français et qui correspond à trois termes en anglais, il s’agit de :
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«illness », le patient décrit sa souffrance avec ses représentations culturelles
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«disease », qui correspond à l’expression médicale de la maladie, le diagnostic ou le pronostic
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« sickness », qui correspond aux facteurs sociaux et culturels
Cette approche globale incite au décentrage. Elle permet de comprendre des situations parfois complexes et encourage à ne pas « pathologiser le culturel et de culturaliser le pathologique» (Centre Minkowska). « L’anthropologie médicale clinique présente un avantage très particulier dans la compréhension et la gestion de la relation soignant-soigné en situation interculturelle. Au lieu de tomber dans le travers de la culturalisation exotisante et surtout inefficace, les aspects culturels de la représentation de la santé et de la maladie mentale sont intégrés comme des éléments et non plus comme l’éclairage principal […] Cette ouverture du cadre s’applique également au travail social » (Paris, C. et al., 2009, p.12).
Dans le cadre de l’ergothérapie transculturelle, l’ergothérapeute fait appel à des compétence culturelle et des compétences de communication interculturelle, des observations non stigmatisantes et une anamnèse et un recueil de données adapté. De plus, le CET permet de prendre en compte la subjectivité des acteurs en jeu, et invite à la recherche de l’altérité et à une curiosité bienveillante.